Actualités DICI ? Les partenaires Les communes Les ministères Autres acteurs PIDP Projets pilotes Documentation Galeries d'images |
Commune de Strassen
Seule une politique volontariste concertée et audacieuse peut endiguer l'irrésistible progression de l'automobile
Or, il est du devoir des 5 communes signataires de la « Convention relative à un développement intercommunal coordonné et intégratif du Sud-Ouest de l'agglomération de la Ville de Luxembourg » de faire comprendre que si l'on continue à se déplacer principalement en voiture, la situation ira de mal en pis : de plus en plus de gaz polluants, des rues de plus en plus embouteillées, des quartiers invivables pour les piétons … Concluons donc, quoique cela répugne à nos habitudes les plus invétérées, que la question de notre façon de nous déplacer avec ses retombées préjudiciables sur notre santé, la qualité de notre environnement et la vie sociale nous concerne tous ! Rapide, agréable, commode sont les qualificatifs qui accentuent les avantages de la voiture individuelle et auréolent l'automobile d'un prestige qui lui vaut la déférence de tous ses défenseurs. L'emprise de la voiture est d'autant plus établie que les places de parking prolifèrent ! Seules des conditions de stationnement ou de circulation difficiles amènent les férus de l'automobile à renoncer à sortir la voiture du garage. Un chacun se dit enclin à amenuiser la position dominante de la voiture si l'on arrive à rendre les services publics plus compétitifs que l'automobile. Or, malgré les investissements massifs dans les infrastructures des transports publics et l'acquisition de matériel roulant supplémentaire, on ne réussit guère à stabiliser la circulation automobile. Comment expliquer un tel insuccès? Une analyse des comportements de plusieurs milliers de ménages disposant à la fois d'une voiture et d'une bonne desserte de transports publics à leur domicile - met en exergue que la voiture continue à occuper le rang de grandissime favori quelle que soit l'alternative (étude menée par Vincent Kaufmann1 , Pratiques modales des déplacements de personnes en milieu urbain : des rationalités d'usage à la cohérence de l'action publique, 2003). Cette comparaison a été menée auprès de plusieurs centaines de ménages représentatifs résidant dans des agglomérations qui ont toutes déployé des politiques de grande envergure en matière d'offre en transports publics : Berne, Genève, Lausanne, Besançon, Grenoble et Toulouse. Alors que l'on sait ce qu'il faut entamer sur le plan technique pour limiter l'emprise de l'automobile dans l'espace Sud-Ouest de l'agglomération de la Ville de Luxembourg, la prise de conscience de l'acuité des défis environnementaux ainsi que le ralliement de la population aux démarches prônées et à la nécessité d'agir pour préserver les écosystèmes sont décisifs pour rendre ces mesures politiquement recevables. « Éviter de s'enliser dans la routine! » voilà le maître mot appelé à guider l'action du comité politique réunissant les 5 communes signataires de la convention qui se sont mises d'accord sur un schéma de développement urbanistique échelonné - appelé à figurer dans leurs futures plan d'aménagement général - ainsi que sur l'élaboration d'un système cohérent de gestion de l'espace parking dans le Sud-Ouest de l'agglomération de la Ville de Luxembourg. Il faut se rendre à l'évidence que les pratiques modales se sont incrustées dans nos modes de vie. Ainsi les transports publics sont-ils souvent jugés insuffisants et inefficaces du fait de leur inadéquation aux besoins de leurs usagers et de l'étalement urbain à l'origine des difficultés de se passer de la voiture. Mais … solliciter les gens de réviser leurs habitudes, c'est aussi mêler son grain de sel dans leur vie privée, ce qui est fatalement très émotif !
Gaston GREIVELDINGER
1: Vincent Kaufmann est professeur au Laboratoire de sociologie urbaine de l'Ecole polytechnique de Lausanne et enseigne à l'Ecole nationale des ponts et chaussées à Champs-sur-Marne en France.
|